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Monsieur Verlaine
14. Rue Royer-Collard.
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14. Rue Royer-Collard.
Mon Cher Monsieur Verlaine
Je reçois votre lettre & je vous remercie de votre très aimable insistance. Le
frontispice est en train. J’ai remis hier à la poste par paquet chargé, ou plutôt par «
grosse lettre » le très précieux manuscrit à vous adressé, suivant nos conventions. Je l’ai lu avec grande
attention & admiration. C’est un livre d’une couleur bien particulière, & qui
justifiera son titre. Le frontispice se composera de deux figures symboliques : L’une
très folle, un peu douloureusement ; l’autre : grave, triste austère, presque résignée :
dos à dos, sur le dessus d’une espèce de socle sur lequel « basreliefent » dirait Péladan les deux
figures dont je viens de vous parler se tient accroupi une espèce de sphynge androgyne, à l’air féroce & mystérieux qui regarde
vaguement. Ceci représentera si vous le voulez, le côté très tangible des passions
doubles & étrangement hautes, que vous manifestez par de très beaux vers non
seulement dans le livre qui nous occupe mais dans les précédents. – Je fais un
frontispice verlainique, & non pas spécialement
p[ou]r Parallèlement. – Du reste après celui là j’en ferai un spécial
pour un prochain livre de vous. Je veux avoir l’honneur de mettre mes imaginations à
côté des beaux vers de notre temps afin qu’ils testent de mes ferveurs. – Le reste je
m’en fous ! À vous bien.
F.R.
P.S. Vanier est venu hier, j’avais encore le manuscrit,
je n’ai pas voulu le lui donner, & j’ai dit que je vous l’avais envoyé. Je ne
l’ai mis qu’hier assez tard, à la poste. Je lui ai montré la sphynge en question. –
Je ferai le portrait de Vanier dans mon Éloge de la Folie. Les
passions les plus viles, se mêlent aux Jeux & aux Ris, sur mon masque
d’empoisonneur pauvre. C’est très spécial ce mufle sans en avoir l’air. –
À Bientôt j’espère,
Félic. R